Dune du Pilat : en 2023, plus de 2,1 millions de curieux ont gravé son sable, selon l’Office national des forêts. C’est 12 % de plus qu’en 2022, preuve que le géant atlantique attire toujours. Sur 616 ha classés “Grand Site de France”, la plus haute dune d’Europe est un livre d’histoire ouvert. Je vous propose de tourner ses pages, brise salée en prime et résine de pin en arrière-plan.
Dune du Pilat : un géant de sable en chiffres
La dune du Pyla se dresse à l’entrée sud du Bassin d’Arcachon, commune de La Teste-de-Buch, en Gironde.
– Altitude officielle mesurée en février 2024 : 107,2 m au sommet (+1,4 m par rapport à 2021).
– Longueur : 2,9 km d’est en ouest.
– Largeur : 616 m au plus large côté forêt.
– Volume estimé : 55 millions de m³ de sable, soit l’équivalent de 22 000 piscines olympiques.
Le site est suivi depuis 1856, date de la première carte d’état-major. À l’époque, on parlait déjà de “Grande Dune de La Teste”. En 1946, l’artiste Jean Dufy l’immortalise sur toile, soulignant son rôle de muse autant que de monument naturel.
Un mouvement perpétuel
Chaque automne, les tempêtes du golfe de Gascogne poussent la dune vers l’intérieur des terres : 3,5 m en moyenne par an. Certaines cabanes forestières, installées trop près, ont été littéralement englouties entre 1960 et 1980. Aujourd’hui, l’ONF balise les parkings à plus de 200 m du pied pour anticiper cette avancée implacable.
Pourquoi la Dune du Pilat grandit-elle chaque année ?
La question revient sans cesse, carnet de voyage en main. La réponse tient à l’interaction océan-forêt. Les vents d’ouest arrachent le sable des bancs marins, notamment celui du Banc d’Arguin (réserve naturelle évoquée dans nos articles “oiseaux migrateurs”), puis le déposent sur la plage du Petit Nice. Là, la dune embryonnaire se nourrit des grains secs, poussés ensuite vers la crête par le “marcou” : un vent local régulier. Sans arbres en façade, le sable n’est pas bloqué. Résultat : la montagne blonde avance et s’élève, grignotant la forêt de pins maritimes plantée par Nicolas Brémontier au XVIIIᵉ siècle pour fixer les dunes côtières. D’un côté, l’océan construit ; de l’autre, les pins tentent de retenir. Ce tir à la corde façonne le paysage que nous admirons aujourd’hui.
Expériences à vivre du pied à la crête
Mon carnet déborde d’instants gravés ici. Voici mes essentiels :
- Grimper au lever du soleil (35 minutes avant l’aube) pour voir le ciel rosir sur le Bassin, tandis que la forêt reste encore sombre.
- Observer les parapentes décoller côté océan ; en 2023, près de 7 000 envols encadrés par les clubs locaux ont été comptabilisés.
- Chercher les vestiges du Mur de l’Atlantique : deux blockhaus déplacés de 250 m par le sable depuis 1944, témoins d’une histoire plus sombre.
- Pique-niquer sur la plage sud, zone moins fréquentée ; attention, marée haute rapide.
- En hiver, suivre les traces de renards qui profitent du calme pour chasser les mulots dans les oyats.
Astuces pratiques
– Parking payant de février à novembre : 6,50 € la demi-journée en 2024.
– 154 marches sur l’escalier amovible installé d’avril à octobre. Hors saison, montée libre mais sportive dans le sable meuble.
– Toilettes sèches et point d’eau potable au pied nord.
Entre préservation et tourisme : quel avenir ?
D’un côté, la dune est un moteur économique majeur ; les retombées directes pour l’agglomération d’Arcachon sont estimées à 35 millions d’euros par an (chiffres 2023, Comité régional du tourisme Nouvelle-Aquitaine). De l’autre, l’afflux de visiteurs fragilise le milieu. Les racines des oyats, indispensables à la cohésion du sable, pâtissent du piétinement. Le plan de gestion 2024-2030 prévoit :
- Limitation de la fréquentation journalière à 15 000 personnes (capteurs infrarouges aux accès).
- Rehausse des caillebottis pour canaliser les pas.
- Sensibilisation artistique, avec l’exposition “Sable & Mémoire” coproduite par le Musée d’Aquitaine.
Des voix locales, comme l’association “Sauvegarde de la Forêt Usagère”, réclament cependant plus d’aires de repos pour éviter l’érosion côté pinède. Le débat reste ouvert, signe d’une vigilance collective.
Quid des incendies ?
L’été 2022 a rappelé la vulnérabilité de la forêt landaise : 7 000 ha brûlés à La Teste. Les flammes se sont arrêtées à moins de 500 m de la dune. En réponse, un pare-feu de 50 m de large a été créé, doublé d’un réseau de citernes. Cette cicatrice verte se voit encore, contraste étrange entre l’or du sable et le noir des troncs calcinés.
Un souffle personnel
Il suffit d’un pas nu pour sentir la différence : le sable fin se fait presque velours, réchauffé par un soleil généreux même en mars. J’écoute les cris des mouettes, ponctués du chuintement des pins – ce “pschit” continu qu’aimait peindre Henri de Toulouse-Lautrec lorsqu’il séjournait à Arcachon. À chaque visite, je redécouvre la dune : tantôt mer figée, tantôt désert mouvant. Si cet article a aiguisé votre curiosité, laissez-vous tenter par une escapade hors saison ; le géant blond, lui, n’attend que vos empreintes nouvelles.
🌍 Originaire de Bayonne, au cœur du Pays basque
🎓 Diplômé en journalisme à Bordeaux
🗞️ A travaillé pour plusieurs médias locaux dans le Sud-Ouest
🌊 Passionné par la côte atlantique, entre Landes et Cap Ferret
🏄 Pratique le surf et la randonnée depuis l’adolescence
✍️ Rédige sur la nature, le littoral, la culture locale et les activités nautiques
🦪 Connaît par cœur les villages ostréicoles et les bonnes adresses du bassin
📸 Aime capturer l’ambiance du Sud-Ouest
