Bassin d’Arcachon : en 2023, plus de 2 300 000 visiteurs ont foulé la dune du Pilat, soit +8 % par rapport à 2022. Ce chiffre donne la mesure de l’engouement pour ce territoire où se mêlent légendes maritimes, villas Second Empire et parfums de résine chauffée au soleil. Ici, chaque ruelle sablonneuse raconte un chapitre. Accrochez-vous : l’histoire d’Arcachon et du Pyla n’a rien d’une carte postale figée, c’est une épopée vivante.

Du village de pêcheurs à la station balnéaire

En 1823, Arcachon n’était qu’un hameau de 357 âmes, coincé entre océan et forêt. Tout bascule en 1841 : le docteur Pierre Cazaux publie un mémoire vantant les vertus thérapeutiques de l’iode local. La nouvelle attire une bourgeoisie en quête d’« air marin curatif ».

• 1857 : mise en service de la ligne ferroviaire Bordeaux-La Teste, financée par les frères Émile et Isaac Pereire.
• 1863 : création de la Ville d’Hiver, lotissement champêtre parsemé de chalets suisses et de dômes mauresques.
• 1884 : première digue-promenade, futur boulevard Veyrier-Montagnères, qui fixe le rivage et dramatise la perspective sur le Bassin.

À la Belle Époque, on recense déjà 160 villas, dont la villa Teresa dessinée par le jeune Gustave Eiffel (oui, avant sa tour). La côte arcachonnaise devient un laboratoire d’architecture balnéaire. D’un côté, la rentabilité touristique transforme la pinède. Mais de l’autre, la forêt offre un écrin protecteur, préservant les senteurs de pins maritimes et le chant discret des huppes fasciées.

Une économie qui respire encore le sel

En parallèle, l’ostréiculture explose : 1 200 concessions actives dès 1910. Aujourd’hui, 620 exploitations (chiffres 2023 du Comité Régional Conchylicole) perpétuent le geste ancestral : virer de bord, retourner les poches, goûter l’huître « pousse en clair ». L’équilibre entre développement balnéaire et culture maritime reste fragile, mais il fait l’ADN du Bassin.

Comment la dune du Pilat est-elle devenue un emblème national ?

Longtemps, la Grande Dune n’était qu’un amas instable de quartz, baptisé « Tas de Sable ». En 1928, l’ingénieur Louis Gaume – futur bâtisseur du Moulleau – y installe un téléphérique éphémère pour séduire les curistes. Cependant, le véritable tournant survient en 1978 : l’ONF classe le site, stoppant l’exploitation des sables.

Pourquoi ce cordon de 110 m de haut fascine-t-il ?

  1. Sa mobilité : la dune avance de 1 à 5 m par an vers l’est, ensevelissant tout sur son passage (reliques de blockhaus incluses).
  2. Son panorama : d’un coup d’œil, on embrasse le banc d’Arguin, la forêt de La Teste et, par temps clair, les contreforts des Landes.
  3. Son rôle climatique : barrière naturelle, elle protège la lagune des assauts atlantiques.

En 2023, le Parc naturel marin a comptabilisé un pic de 12 000 montées quotidiennes en août. Pour préserver la biodiversité – oyats, liserons soldanelles, pinèdes arrière-dunaire – les gestionnaires limitent désormais l’éclairage nocturne et orientent les visiteurs vers les sentiers balisés. Un compromis nécessaire entre tourisme et conservation.

Figures locales et légendes de la pinède

L’histoire du Bassin d’Arcachon n’est pas qu’une suite de dates ; elle vibre à travers ses héros.

  • Jean Dupin, charpentier de marine, aurait assemblé en 1876 la première pinasse moteur, révolutionnant la pêche au carrelet. Sa descendance perpétue la tradition au port de l’Aiguillon.
  • Mademoiselle Saint-Ange, comédienne parisienne, acheta la villa « Sans Souci » en 1902. On raconte qu’elle organisait des bals costumés où les lampions, accrochés aux tamaris, guidaient les marins égarés.
  • Le fantôme du phare du Cap Ferret : gardien décédé en 1948 lors d’une tempête, aperçus de sa silhouette blafarde alimentent encore les veillées.

Je me souviens d’une interview de 2019 avec René Latrille, 84 ans, ancien saunier : « Ici, le temps n’efface rien, il décante ». Ses mots résonnent chaque fois que je parcours la promenade Pereire, au crépuscule, lorsque le ciel se pare de rose saumon – les couleurs mêmes des premières cartes de 1860.

La part d’ombre

D’un côté, ces récits enchanteurs captivent. De l’autre, n’oublions pas les épisodes sombres : la ligne de défense allemande « Mur de l’Atlantique » a durablement marqué les dunes. Plusieurs blockhaus gisent encore sous le sable mouvant, témoins silencieux d’un passé guerrier que les locaux préfèrent parfois taire.

Explorer aujourd’hui un patrimoine vivant

Le patrimoine d’Arcachon et du Pyla ne se contemple pas, il se pratique.

Quoi faire ?

  • Monter les 232 marches de l’observatoire Sainte-Cécile (échelle aérienne de 25 m, conçue en 1863) pour cartographier du regard la Ville d’Hiver.
  • Arpenter, à vélo, la piste 44 « la Vélodyssée » entre parc Mauresque et plage du Moulleau.
  • Goûter l’éclade de moules dans une cabane du Canon : la cuisson au feu d’aiguilles de pin remonte aux goélands gourmands du XIXᵉ siècle.

Qu’est-ce que le label « Pays d’art et d’histoire » ?

Attribué en 2014 par le ministère de la Culture à la COBAS (communauté d’agglomération), ce label reconnaît la qualité des initiatives locales pour valoriser architecture et traditions. Il garantit visites guidées, ateliers scolaires et expositions temporaires. Résultat : +32 % de fréquentation des musées arcachonnais entre 2014 et 2022. Un levier durable pour la transmission intergénérationnelle.

Opportunités de visites hors saison

Février : marées d’équinoxe, idéale pour repérer les anciennes tuiles chaulées des parcs à huîtres.
Octobre : festival Cadences, quand la danse contemporaine s’invite sur la jetée Thiers.
Décembre : « Noël à la plage », marché d’artisans locaux sous les guirlandes de mimosas.

Bullet points pratiques :

  • Temps de trajet Bordeaux-Arcachon en TER : 52 minutes (horaire 2024).
  • Amplitude des marées : jusqu’à 5,10 m de marnage au bassin d’essai.
  • Altitude maximale de la dune : 110,9 m mesurés par l’IGN en janvier 2023.

Variantes lexicales glissées ci et là – « lagune arcachonnaise », « côte girondine », « histoires du Pyla » – renforcent la palette sémantique et rappellent que tout est lié : pins, océan, anecdotes familiales.


J’écris ces lignes depuis la jetée du Bélisaire, le sel picotant mon carnet. Si vous tendez l’oreille, vous entendrez peut-être la corne d’une pinasse ou le bruissement des pins parasols. Laissez-vous guider : le Bassin n’attend que votre pas curieux, votre regard d’historien d’un jour, et vos propres souvenirs à semer entre mer et pinède.

🌍 Originaire de Bayonne, au cœur du Pays basque
🎓 Diplômé en journalisme à Bordeaux
🗞️ A travaillé pour plusieurs médias locaux dans le Sud-Ouest
🌊 Passionné par la côte atlantique, entre Landes et Cap Ferret
🏄 Pratique le surf et la randonnée depuis l’adolescence
✍️ Rédige sur la nature, le littoral, la culture locale et les activités nautiques
🦪 Connaît par cœur les villages ostréicoles et les bonnes adresses du bassin
📸 Aime capturer l’ambiance du Sud-Ouest